vendredi 15 juillet 2016

Dialogue imaginaire


– Qu’est-ce qu’un terroriste ?
– C’est un individu qui a la soif du mal et dont l’objectif est de semer la terreur, la grande peur parmi la population.
– Pourquoi ?
– Parfois on ne comprend pas les raisons qui poussent certaines personnes à détruire des gens qu’ils ne connaissent pas et qui ne leur ont rien fait.
– Ils sont fous ?
– Non, le fou est celui qui a tout perdu et ne réfléchit pas. Il n’est pas responsable de ce qu’il fait. Or, les terroristes sont des individus qui ont été préparés par des spécialistes pour aller tuer et se faire tuer. Ils sont parfaitement au courant de ce qu’ils doivent entreprendre. A la limite, on peut dire qu’ils sont programmés.
– Ils n’ont pas peur ?
– Non, c’est là leur force. Normalement, dans une guerre, les adversaires sont face à face et les soldats des deux camps se battent pour ne pas perdre leur vie. Aujourd’hui, la guerre a changé de méthode et, surtout, les soldats ne sont pas des gens qui défendent des valeurs, un territoire ou un bien. Ils ne défendent pas leur vie, c’est ce qui les rend invincibles.
– Pourquoi acceptent-ils de mourir en tuant les autres ?
– Tout être a un instinct appelé « instinct de vie », c’est-à-dire une volonté naturelle de sauver sa peau et de vivre. Ces terroristes qui se font exploser dans la foule ont accepté de se séparer de cet instinct de vie. Il a été remplacé par l’instinct de mort.
– Comment ?
– Il existe des spécialistes qui leur racontent des histoires fondées non sur la raison mais sur des promesses mirobolantes. Ce travail est fait selon des techniques qui rendent le cerveau malléable, manipulable.
– Donne-moi des exemples.
– On utilise des mots correspondant à leurs attentes : djihad, martyr, paradis, récompense suprême… Quand on croit à tout ça, on passe de l’autre côté de la vie, c’est-à-dire qu’on accepte de croire que, si on fait le djihad, la guerre contre les mécréants – qui sont ceux qui ne croient pas en leur Dieu –, si on donne sa vie en sacrifice, on ira directement au paradis, où on serait attendu par des filles vierges et une vie mille fois plus belle que celle d’ici-bas !
– Ouwaaa !
– Tu as raison. Etre martyr, c’est mourir pour une cause, un idéal, et cela mérite une récompense choisie par Dieu.
– Tout cela n’est pas vrai ?
– Qu’importe si c’est vrai ou faux, le principal, c’est que ces individus croient à ces histoires à dormir debout. Leur cerveau ne fonctionne plus normalement. Il a été déconnecté de la réalité que nous connaissons. Ce sont des gens qui n’appartiennent plus à notre monde. C’est pour cela qu’ils sont dangereux. Ils n’ont pas peur de mourir, et même ils désirent de toutes leurs forces la mort après avoir accompli leur mission.
– Que devons-nous faire pour éviter de rencontrer ces gens ?
– On demande d’habitude aux enfants de faire attention. Sauf que, là, les personnes qui étaient au Bataclan pour écouter un concert de rock ne pouvaient pas imaginer une seconde qu’elles allaient y perdre la vie. La surprise est une force. La sécurité garantie à cent pour cent n’existe pas. Il y a le travail immédiat que fait la police, qui est nécessaire et très important, et puis il y a l’éducation sur le long terme. L’école doit intégrer dans ses programmes la lutte contre le racisme qui est souvent la base de l’intolérance et du fanatisme qui se traduisent, dans la réalité, par l’exercice du mal absolu : donner la mort gratuitement à des innocents et répandre la peur et la terreur.
– Tu es naïf !
– Peut-être, mais, en dehors de la guerre, je ne trouve pas d’autre solution.

Tahar Ben Jelloun (Ecrivain)





Jeudi 14 juillet, à Nice, alors que près de 30 000 personnes commençaient à se disperser sur la Promenade des Anglais après le feu d’artifice, un homme au volant d’un camion a foncé sur la foule faisant 84 morts. 
C'est le deuxième attentat le plus meurtrier en France
Il était 22 h 30, lorsqu'un homme, au volant d'un poids lourd, a foncé sur la foule qui venait d'assister au feu d'artifice du 14 Juillet, dans la ville de Nice. Le camion a roulé pendant deux kilomètres, percutant ceux qui se trouvaient sur son passage. Le bilan est de 84 morts et des centaines de blessés.
Cet attentat est le deuxième plus meurtrier commis en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Il se place juste derrière les attentats de Paris de novembre 2015, qui avaient fait 130 morts. Et ces deux drames ont eu lieu à seulement 8 mois d'écart. C'est l'organisation terroriste État islamique qui a affirmé être à l'origine de ces deux attaques.
Ça s'est passé à Nice, un cadre de paradis
Nice n'est pas n'importe quelle ville. C'est la 5e commune la plus peuplée de France. Mais surtout,c'est l'une des villes les plus connues au monde. Elle est réputée pour son bord de mer magnifique, que longe la célèbre Promenade des Anglais, bordée de palmiers et d'hôtels de luxe.C'est là que la foule était massée pour assister au feu d'artifice tiré depuis la mer.
En choisissant Nice, l'auteur de cette attaque savait que son action serait relayée par les télévisions du monde entier. Il savait aussi qu'il choquerait, car Nice est une ville associée aux vacances et au plaisir de vivre.
Ça s'est passé le 14 juillet, jour de la fête nationale
Chaque année, le 14 Juillet, c'est la fête nationale de la France : elle marque la prise de la Bastille en 1789. C'est un jour férié (on ne travaille pas) et en soirée, ou parfois la veille, un feu d'artifice est tiré.Ces spectacles nocturnes sont suivis par des millions de personnes à travers le pays. À Nice, c'est l'un des rassemblements les plus populaires de l'année, et ce 14 juillet, environ 30 000 personnes étaient venues admirer le feu d'artifice.
En choisissant d'agir le soir du feu d'artifice, le tueur savait qu'il pouvait toucher un grand nombre de personnes à la fois. Son geste était aussi symbolique. Il a porté atteinte à ce que nous avons de plus précieux : le plaisir d'être ensemble, de faire la fête et de rendre hommage à notre pays libre,laïque et démocratique. En réponse, des dizaines de milliers de personnes se sont recueillies lundi 18 juillet à midi pour une minute de silence en hommage aux victimes, à Nice et partout en France.
Cet attentat a touché de nombreux enfants et adolescents
Le feu d'artifice est un rassemblement populaire qui attire les familles, et donc de nombreux enfants. Parmi les 84 personnes tuées, on dénombre dix enfants et adolescents. Plusieurs enfants sont encore hospitalisés.
L'attentat de Nice nous marque parce qu'un enfant, plus encore que n'importe quel adulte, a le droit de profiter d'un feu d'artifice et surtout de vivre protégé.
En tant qu'enfant, il est normal d'être choqué. Dans un prochain article, nous demanderons à une spécialiste comment faire pour ne pas se laisser envahir par de tristes pensées, après ce terrible attentat.

(d’après 1jour1actu ) 

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